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L'alcool
a failli détruire leur vie. Renaud, Véronique
Sanson, Richard Bohringer ou encore le journaliste fondateur
de l'agence Capa, Hervé Chabalier, n'ont pourtant pas
hésité à témoigner sur l'état
de dépendance dont ils ont été eux-mêmes
les victimes durant de longues années. Pour tourner
une page mais aussi pour montrer qu'un alcoolique peut toujours
s'en sortir, Brigitte Morel, ancienne danseuse de l'Opéra
de Paris, metteur en scène, elle, n'a pas hésité
non plus à raconter dans un ouvrage qui vient d'être
publié* l'enfer qu'elle a vécu avec son compagnon,
le (génial) showman Farid Chopel...
 Lorsqu'elle
rencontre le comédien, en 1993, Briitte est sous le
charme. Pourtant, Farid est déjà sous l'emprise
de l'alcool. "Il était si beau, se souveint-elle
avec émotion. Cétait un homme qui sortait beaucoup.
Après chaque spectacle, il enchaînait sur une
fête. Il ne savait pas rester au calme. Et l'alcool
coulant à flots, il buvait."
Un échec professionnel, des ruptures sentimentales
et c'est alors la descente aux enfers. "Farid ne supportait
pas que son imaginaire le trahisse. Il courait dans les rues,
dans un immense état d'exaspération, d'une boîte
à un bar, ajoute Brigitte Morel. C'était infernal.
Au début, il refusait de voir la vérité,
pensant qu'il pourrait s'arrêter de boire quand il le
voudrait. Puis il y a eu des accidents, des examens médicaux...
Il ne voulait toujours rien entendre. Il s'est tout de même
arrêté deux ou trois jours. Mais en manque, il
tombait dans un état de delirium tremens."
De crise de délire en accès de violence, il
a bien tenté d'arrêter de boire, en suivant des
cures. Sans succès. Après six rechutes, il a
même réclamé l'hospitalisation. "Mais
là encore, c'était impossible, commente Brigitte
Morel. Les troubles neurologiques ont ensuite commencé.
Il jetait des objets - violemment mais ne m'a jamais frappée.
Il allait de plus en plus mal et je ne voyais pas comment
nous allions nous en sortir quand nous avons rencontré
un psychanalyste extraordinaire."
Farid suit alors un traitement. Au début, tout va bien.
Mais très vite, l'état de l'artiste s'aggrave
"Il basculait dans l'aliénation", raconte
Brigitte. Tous les médicaments sont arrêtés
et Farid reprend le dessus, soutenu par sa compagne. "C'était
miraculeux."
Aujourd'hui, Brigitte Morel a souhaité écrire
cette période de leur vie pour "tourner la page",
pour "sublimer" cette histoire et "faire du
bien" à ceux qui sont touchés par l'alcoolisme.
"Il ne faut jamais perdre espoir", explique-t-elle.
"Il n'y a aucun remède miracle, aucune solution
meilleure qu'une autre même s'il faut créer des
concours de circonstances. Mais rien n'est jamais perdu. La
prevue. Aujourd'hui Farid est en pleine forme. Sa carrière
(notamment son spectacle Le Pont du milieu. NDLR) a
repris de plus belle. Jamais je n'aurais supporté qu'un
homme comme lui termine dans la déchéance totale
et meure dans la rue. Je ne regrette rien. Lui non plus d'ailleurs.
Ce livre qui sort maintenant lui a fait le plus grand bien.
Il avait honte de ce qu'il était devenu. Là,
il se réhabilite.
Eric
Lamotte
*
Farid Chopel
Et je danse encore
de Brigitte Morel et Farid Chopel,
240 p., éditions Privé, 18 euros.
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13 octobre 2005