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P
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1 er septembre 2004
Farid
Chopel en fait des tonnes et détonne
Avec
«le Pont du milieu», l'acteur fait son retour sur scène
dans une autobiographie poétique
Le
Pont du milieu, de et avec Farid Chopel, au Lavoir moderne parisien,
35, rue Léon, Paris XVIIIe. Du jeudi au samedi à 21
h, jusqu'au 4 septembre
Dix
ans que Farid Chopel n'est pratiquement pas remonté sur les
planches. Jusqu'au 4 septembre, il présente le Pont du milieu,
son dernier one-man show poétique. L'acteur a laissé
de côté ses improvisations pour un spectacle qu'il
a complètement écrit et dont la mise en scène
a été conçue par Brigitte Morel. Les divagations
de Chopel restent une bouffée d'air à l'heure des
comiques télé-starifiés dont l'humour dépasse
rarement le dessus de la ceinture.
Sous
prétexte de conter son histoire, l'acteur passe subtilement
du coq à l'âne. Fils d'immigré algérien,
le petit Farid va à l'école chez les prêtres
de Saint-Germain-en-Laye où il surpasse ses petits camarades
en catéchisme. Plus tard, il rêve de devenir médecin
mais sa participation à une troupe de théâtre
expérimental modifie ses projets. Et c'est au cours d'un
rassemblement hippie en Angleterre qu'il fume son premier joint.
Expérience mystique qui l'a peut-être influencé
dans sa conversion au bouddhisme...
Exagération.
Chopel ne se contente pas d'enchaîner les péripéties
d'une vie. Il chante, danse, s'asperge d'eau et interpelle le public
pendant près d'une heure trente. Malgré une silhouette
lisse et longiligne et un visage presque grave, le comédien
déborde d'énergie. Son goût pour l'exagération
autobiographique le rapproche d'un Philippe Caubère : il
force le trait pour mieux évoquer les événements
tels qu'il les a perçus par le passé. Lorsqu'il fait
part de son apprentissage de l'italien à l'école,
il se transforme soudainement en Rital prétentieux, lunettes
de soleil et chemise ouverte, tous poils dehors. Et le spectacle
fourmille de ces petites imitations : moine bouddhiste sur fond
de musique zen, Aznavour qui se voit en haut de l'affiche, ou acteur
très underground dont le seul partenaire sur scène
est une girafe en peluche.
On
a parfois du mal à croire toutes les histoires que l'acteur
se plaît à raconter. Peu importe, Chopel prêche
le faux pour mieux nous apprendre le vrai. Plus qu'un exutoire,
le Pont du milieu est une farce, une ribambelle de situations absurdes
dont le but est de forcer l'imagination du spectateur. Mais comme
tout un chacun, la vie de Chopel comporte aussi sa part de tragédie.
Il donne alors les raisons de son absence prolongée du monde
artistique : l'alcoolisme, voire même la folie. C'est donc
avec une certaine gravité qu'on retrouve sa verve et son
ironie, comme on le fait d'un ami qui revient de loin.
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