SAINT-CYR.
Spectacle : Farid Chopel se déchaîne
Farid
Chopel est un grand artiste, ça, on le savait déjà.
Mais la performance qu'il a accomplie samedi soir, devant
un parterre comble, sur le site de Frégate, relève
de l'incroyable. Et cela pour deux raisons.
La première, c'est qu'il y faisait un froid de canard,
et que pas un spectateur n'a déclaré forfait,
captivé par l'histoire de la vie que Farid distillait
au travers de multiples tableaux et personnages, tous inspirés
de son parcours, parfois douloureux, souvent drôle.
La seconde est liée directement au jeu de l'artiste
lui-même. Il est multiple, et unique à la fois.
Ses mains s'agitent, tremblent, tressautent, décrivent
de brutales arabesques au bout de ses bras infinis : ce sont
celles de Jacques Brel.
Sa voix enfle, se fait tragique quand l'emphase s'empare de
ses propos : c'est celle d'André Malraux.Son corps
se noue, se plie, s'articule autour d'invisibles obstacles
: c'est celui de Marcel Marceau. Sa diction s'accélère,
se fait incisive, mordante et précise: c'est celle
de Pierre Desproges.
Ajoutez à cela des calembours à la Devos, des
grimaces dignes de Reynaud, des contorsions qu'Houdini ne
pourrait reproduire et des références à
Rimbaud, par exemple.
Standing ovation
Secouez, incorporez une bonne dose de joie, d'humour et d'autodérision,
une touche de fraîcheur lorraine et un zeste de gouaille
de Paname et vous aurez le résultat de la soirée
de samedi : une "standing ovation" pour Farid qui
quittait la scène en allumant une clope, après
cette phrase magique : "À force de jouer la
comédie, on finit par croire que la vie est une farce
; mais, il faut y croire, il faut y croire"
Merci, M. Chopel. Merci d'être revenu parmi nous. Farid
Chopel a captivé son public, samedi soir à Frégate
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